Histoire d’une commande
Une commande est un challenge et une excitation de tous les instants.
Une collaboration aussi. Alors… Les deux en même temps ! C’est Noël à Pâques !
Pour le temps d’un projet, je dédie mon esprit, mes mains et mon énergie à une pièce qui connait son destinataire. Je ne réalise pas une commande comme une pièce de mes projets personnels ; savoir qui en sera le propriétaire lui confère une forme de gravité, d’urgence et d’exigence.
De plus, c’est un travail d’équipe avec le commanditaire. Je reste maîtresse du sens et du positionnement de la pièce dans mon projet, mais j’ouvre au dialogue toute une partie du vocabulaire. Pour cette pièce, nous avons discuté ensemble des coloris, de l’ennoblissement (qu’il souhaitait minimal et sans brillance), de la forme globale et des dimensions. Et je me suis mise au travail.
Expédition dans les arts du papier
Chaque pièce est unique, mais elles ont toutes en commun de s’inscrire dans une collection qui fait elle-même partie d’un projet plus vaste. Je vis mon expérience d’artisane des Arts du papier comme une expédition, une exploration, une aventure. Les objets qui apparaissent et se matérialisent à travers mes mains, sont les témoins d’une civilisation disparue, entièrement dédiée au papier. En tant que chef d’expédition, je rassemble mon trésor dans un cabinet de curiosité ouvert aux esthètes, amateurs et collectionneurs.
Mon expédition dans les Arts du papier a fait de moi une géographe (les Archipels), une biologiste (les Mues), une astrologue (Planétarium). Récemment, du mariage de l’origami et de la forme de l’anneau de Mobius* sont nées des mues d’animaux imaginaires mais aussi des entrelacs stellaires.
Réalisation du Planétarium en origami modulaire
L’artisanat des Arts du papier est un artisanat du temps. Pour créer une pièce de cette collection, il faut d’abord choisir les papiers, découper des centaines de rectangles, les plier (7 plis sont nécessaires), les emboiter, les former et finaliser. C’est un travail méditatif.
Collaboration avec Stephan Poirier, ferronnier d’art
Pour cette pièce, je désirais un socle. Mon domaine, c’est le papier, mais un support en papier, ce n’est pas assez pérenne. Je cherchais une autre matière. J’ai d’abord pensé au bois… Mais le hasard, qui fait fort bien les choses, a créé l’opportunité pour moi, de travailler avec Stephan Poirier, Ferronnier d’art, lauréat du prix de l’intelligence de la main de la Fondation Bettencourt-Schueller. Allez voir le film qui présente son travail !
Le métal possède ses propres caractéristiques et je souhaitais que la proposition de Stephan fasse sens autant pour lui que pour moi et qu’elle rende compte de ma démarche globale autant que de son savoir-faire et de sa maitrise technique. Nous avons étudié l’imagerie des cabinets du XIXe siècle et nous nous sommes mis d’accord sur un support de globe.
Stephan a créé un socle en acier (malgré des difficultés d’approvisionnement en matière première en raison des événements politiques) que nous avons laissé volontairement brut avec ses traces de soudure et de ponçage. Les deux matières dialoguent et se répondent.
Cette pièce a quitté l’atelier pour rejoindre la collection de Frédéric G.
Ce n’était pas sans émotion pour moi…
Votre commande
Ce processus vous intéresse ? Vous aimeriez faire réaliser une pièce unique ?
Notes
* En topologie, le ruban de Möbius (aussi appelé bande de Möbius ou boucle de Möbius) est une surfacecompacte dont le bord est homéomorphe à un cercle. Autrement dit, il ne possède qu’une seule face contrairement à un ruban classique qui en possède deux et on peut en faire le tour de façon infinie.