J’ai fait un long voyage…
Non, je ne parle pas du voyage au Japon, qui était aussi un long voyage. Long, loin, seule…
Non je parle du voyage qui m’a éloignée de mon blog, de mon atelier, du travail, des amis, de ce qui fut ma vie. J’ai fait un long voyage et il se prolonge… Il n’en finit pas de se prolonger et il remet tout au lendemain. C’est un voyage que je fais en silence, sans un mot, sans éclat. Un voyage que je fais seule. Pourquoi ai-je envie d’en parler ? Eh bien, à dire vrai, je ne sais pas…
Pour revenir un peu… Parce que j’ai tellement aimé avoir un blog, il y a très très longtemps, comme dans une autre galaxie, du temps où c’était le début d’internet, où on ne connaissait ni facebook, ni instagram… Du temps où les modems faisaient biiiiiiiiipppp en crissant et qu’on naviguait sur AOL. Un temps préhistorique quoi… Ce qui fait de moi, un dinosaure ;-)… Mais je vous vois ; vous aussi vous vous souvenez ! Ce temps où on avait encore des Nokia à clapets et où on rembobinait nos cassettes avec un stylo bic…
Bref ! J’ai fait un long voyage. J’ai rencontré mon syndrome de l’imposteur, mon désir de solitude, mon rejet des réseaux sociaux. J’ai refusé de partager mes créations. Je me suis roulée en boule dans un coin et comme j’ai aimé ça ! Ça fait un an que ça dure ! Un an que personne n’a entendu parlé de moi. Même mes expos, je les ai faites en silence. Le contraire de ce qu’on attendait de moi. Mais je l’avoue, créer pour soi c’est vraiment bien et tellement confortable mais c’est comme faire la moitié du travail. C’est Van Neistat (the spirited man) qui dit ça, ici et il a sacrément raison. Alors je sors le bout du nez, mais j’essaye de faire le moins de bruit possible. Je le fais en loucedé ! J’écris un ou deux articles et je ne fais la pub de rien, je n’annonce rien, je ne le dis à personne.
Je me fais juste plaisir en écrivant quelques mots, comme on jette une bouteille à la mer avec un dessin d’enfant dedans ; « Regarde pucette, ton dessin va voyager dans l’océan et peut-être que quelqu’un le trouvera… » Et l’enfant regarde émerveillée et demande « on met notre adresse pour qu’il réponde, celui qui la trouvera ? » « Si tu veux pucette… On fait ça ! ». Alors voilà, j’ai écrit mes quelques mots, juste pour me dire que j’en suis encore capable et si quelqu’un lit ça, il aura peut-être juste envie de faire signe à pucette…
2023 a été l’une des années les plus denses de ma vie, 2024 l’une des plus vides, des plus mornes, mais pas la plus désagréable, bien au contraire. C’était comme traverser le pot au noir après les quarantièmes rugissants… Le calme après la tempête, l’immobilité après le tout mouvement. Maintenant, j’aimerais que le vent se lève de nouveau, pas trop fort, parce que j’ai perdu l’habitude, mais suffisamment pour relever les voiles, suffisamment pour reprendre un cap, suffisamment pour sentir la brise et voir sauter les dauphins. Suffisamment pour reprendre la route et prolonger mon voyage.
Alors 2025, me voilà… Je sors juste le bout du nez. Pas la peine de me tomber dessus avec ton stress et tes bouleversements. Garde pour toi tes guerres, tes incendies, tes tornades et tes dirigeants timbrés. J’accueille de toi ce qu’il te reste de bienveillant, de joyeux, d’heureux, de riant. Viens avec ça mais garde le reste… Garde tes intelligences artificiellement intelligentes, tes robots tueurs, tes drones furtifs. Laisse ça loin de moi. Amène tes campagnes, tes villages festifs, tes rencontres loufoques, tes aventuriers, tes soleils. Ceux-là, je les veux bien… Amène tes silences, tes replis, tes tréfonds profonds, tes poèmes, tes doux illuminés, tes dessins sans queue ni tête. Garde tes furieux, tes ultra riches, tes Elon, tes Donalds et tes X. Raboule tes Étiennes, tes Auréliens, tes Alains, tes écrivants, tes chercheurs, tes débusqueurs, tes débunkers, mais garde pour toi tous les autres fous aux pénibles conséquences.
2025, sois douce s’il te plait…
Sois magnanime et magnifique.
Sois lumineuse et joyeuse.
Sois riante et échevelée de vent et de soleil.